Le silence et l'oubli
Le silence de ces instants, ce profond moment de solitude,
Entre l’effroi et l’oubli, je me sens si bien, pure instant de quiétude
Dans les prémices d’une nouvelle vie, peuplée de turpitude
Qui est une réponse à mes angoisses, à mes attentes, état de plénitude
Absolue que l’on oppose à la nuit, à ces bruits sourds venus du lointain.
Je contemple ton corps à mes côtés, tu es si belle, et le souffle tiède cadence
Le rythme de ta respiration au gré de mes pensées, de splendides images
Blotties aux endroits inoccupés de ces grandes salles grises, reflets de mon enfance,
Tracé inévitable d’une vision, d’une nuance, d’un destin d’enfant sage,
Alors la voix de ton être résonne en moi comme une soudaine évidence.
Ce goût sucré posé sur mes lèvres, cette douceur infinie qui s’épanouie en moi
Sont autant de source de jouvence dans laquelle j’aime m’y baigner, seul le froid
Saisi mon âme, instant figé dans le marbre, qu’un acier a marqué
De son empreinte au fer rouge, j’ai perdu mon être à te chercher dans l’obscurité.
Les saisons sont assassines car elles ne pardonnent pas nos erreurs de jeunesse,
Jeune cavalier perdu dans la tempête de sable à la recherche de sa princesse,
Je n’ai plus de goût pour cette vie, que je l’abandonnerai volontiers au pied
D’une histoire qui se dessine et dont mon destin ne voulait pas.
Tu aimais caresser mes cheveux gris, la douceur de ta peau parfumée
Traversait l’épaisseur de ma carapace, d’une vie tout entière à trépas
Je suis devenu qu’une ombre, un songe, une idée, chimère déchirée
Entre les feux et les ténèbres, me voici parcourant l’immensité
D’une rive sans lueur, alors mes mains saisiront l’ultime partie du vivant
De ce destin torturé, pour le déverser sur les berges maculées
Qu’aucune parole ne pourrait guérir ce qui me manque maintenant.
Je revois cette immense plaine, de ces vertes vallées qui m’ont vu naître,
J’ai puisé l’essentiel de mon envie, elle grandit en moi comme une évidente réalité,
De tout mon amour je l’ai entourée, avant que ce cruel destin vint à apparaître
Pour me séparer de ce qui me restait de toi, on me prit cette fleur sacrée.
Rien qu’un instant je te prie, oui qu’un instant, et je pourrais enfin m’acquitter
De cette lourde dette à la vie, la sentence est prononcée, mais je ne m’y suis jamais résigné,
Non jamais, car l’automne est aux saisons ce que l’astre Roi nous laissera,
Prépare toi car j’arrive, et personne, non personne ne l’empêchera ...
© Michel COSENTINO Décembre 2016