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De l'ombre à la Lumière - Histoires de textes et Légendes
De l'ombre à la Lumière - Histoires de textes et Légendes
17 février 2014

Extrait issu du roman (qui n'en finira jamais....)

 Il est difficile d'extraire un texte d'un roman, mais je souhaite laisser le lecteur découvrir une infime partie de ce texte. 

" Un matin, très tôt je quittais mon lit, avec grande peine. Je me dirigeai vers la salle d’eau, quand en bas dans la cuisine, j’entendis ma mère parler assez fortement.

 - Mais Liborio, dis moi, ils sont donc tous devenus fous. Et la pauvre Italie. Le roi qui se meurt. Et nous courrons vers notre perte !!

  - Calmes- toi ma sœur. Que t’arrives t’il ? ? Je suis allé rendre visite à mon ami Carmine di Monteleppre. Il m’a fait obtenir le précieux sésame de visite, enfin ! Sers-moi un bon verre d’Amaro Averna avant que je reparte pour la prison récupérer ton brigand de mari.

Il doit passer devant un juge ce matin vers 11h00. Donc, nous sommes autorisés à lui rendre visite, et si tout ce passe bien, il sera libéré  pour midi.

 Liborio en terminant cette phrase, eut un regard complice avec sa sœur, comme lorsqu’ils étaient enfants.

 Elle le fixa calmement, mais ses yeux fusaient de milles éclairs qui oscillaient entre joie et colère. Il comprit et n’insista plus.

 J’entra calmement dans la cuisine, puis saluai mon oncle et ma mère.

 - Mama, comment te sens-tu ce matin. ?  Tu es si pâle. Qu’est ce qui ce passe ?

 - J’ai des nouvelles de ton père, un de mes cousins, Salvatore LUPO, est passé à la maison.

Elle tenait entre ses mains une lettre.

 Puis une longue respiration de tristesse vint soulever le silence, ses yeux étaient rougis par des pleurs angoissés.

 Elle regarda vers l’extérieur, on eût cru qu’elle avait perdu tous ses repères. Qu’est il arrivé à notre père ? Mystère que je devais sur le champs résoudre en questionnant ma mère. Toute sa beauté fragile, me rendit plus nerveux encore car je ne voulais pas briser le talisman de ses yeux si purs.

 Alors dans un soupir profond, le regard triste et embrumé de larmes elle me tendit la missive qui provenait certainement de cet enfer.

 ‘’ Ma chère épouse,

 Cela fait maintenant longtemps que je n’ai vu notre soleil. L’air ici est irrespirable, et les conditions sanitaires sont infectes. Saletés et promiscuité sont rois, et les impolitesses y sont légions.

 Alors si l’enfer existe je peux dire que cela y ressemble au plus vrai.

 Ce matin, ils ont commencé à disperser les prisonniers en plusieurs groupes. D’après mes renseignements, il semble que les personnes ayant une insigne à croix jaune cousue sur l’habit, sont exclues et mises à part. On les enferme dans les sous-sols obscurs, ou l’humidité et la saleté y est pire que le plus gros dépotoir de Caltanissetta. Pire ces lieux sont infestés de gros rats, qui viennent par milliers mordre les enfants, et les vieillards sans défense. Et tout cela à la joie et aux rires de ces maudits nazis. Qu’on t’il fait de si mal ces pauvres?

 Un voisin me dit qu’ils vont partir remplir le tiroir à main d’œuvre vers le nord de l’Allemagne. Que leur seul crime était d’avoir des origines juives. 

 J'ai le pas lourd, mes épaules sont chargées de pesantes pensées, et mes mains se cachent de mes yeux impurs car de création elles ont cessées. Je reste impuissant devant tant de détresse humaine, incapable du moindre geste de lutte. Me voilà confiné tel une bête en cage. La révolte se consume en moi comme une chandelle, et seule sa cire chaude me brûle les pensées.

  Minute après minute, au grès de chaque grain de sable, j’observe ces  vies qui s'envolent au-dessus des rives obscures, loin de toutes complaintes inutiles, et de tout plaisirs futiles.

 Assunta, ce matin on est venu chercher mon voisin de cellule, Orazio Priese. J’étais devenu son confident, et malgré son air sévère, se cachait une personne noble, altière et fière de son rang.

 Le souffle rageur rua sur cette âme en quête de sérénité. Les bourreaux prirent son essence vitale et l’enfermèrent dans les fioles de la misère. Je les vis sortir des geôles pour les conduire à  la salle des sentences. Enchaînés tels des bagnards, sans chaussures ni chaussettes aux pieds, certains avaient des plaies béantes d’où suppuraient le mal qui les rongeaient.

 Nous autres fûmes mis en rang bien ordonné autour de la pièce, où une forte odeur de moisi transpirait des murs de chaux blanc.

 Je vois ces hommes  assis sur ces bancs de la cour, les mains entachées de sang. Leurs esprits ne s’encombrent pas de compassion. Le juge frappa sur le socle en bois sa sentence. Soudain la salle retint son souffle. Puis un Lieutenant Allemand apparût et dit :

 - Voici, peuple de Sicile ce qui attend chaque homme, femme ou enfant qui se mettra en travers de notre route. Si d’aventure l’envie de cacher des ‘’Juifs’’ dans vos demeures vous prenaient, nous punirons sans aucune pitié ces gestes de haute trahison.

 Il claqua des talons, se tourna vers le juge et se saluèrent comme deux girouettes.

 Soudain, d’une des fenêtres Est, un trait de lumière vint frapper la face de ce pauvre condamné. Comme si Dieu vint le caresser, l’apaiser dans son angoisse. Son visage pris une autre forme, celle d’un homme calme, heureux de ce qui l’attendait. Il répéta juste ces quelques mots :

 - Maintenant je suis libre, maintenant je suis libre, vous ne prendrez pas mon âme, même si je vous abandonne mon corps. Je suis libre, oui je suis libre…

 On le prit par les chaînes, on le conduisit à l’extérieur. On nous fit sortir dans la cour à grands coups de bâtons sur les reins, pour mieux assister à la scène finale.

 Soudain, du haut de son balcon, apparût le juge. Tel un corbeau sur son perchoir il prononça, le jugement en ces derniers mots acide : Que la sentence soit exécutée sur le champ !

 Puis le cri de mon ami perfora ces murs souillés de crimes en ces mots : ‘’ Voleurs de vies, Ladri vous ne comprenez pas, je suis libre maintenant, je suis libre !!’’

 En toute quiétude, le bourreau s’approcha avec sa hache. Elle était si limpide, si pure, si froide.

 Orazio, eut ce sourire d'un ange, celui qui illumine le visage, douce sensation de se sentir bientôt libre. Il tourna sa tête vers nous, ses yeux étaient emplis de larmes de sang.

 Le chant des chérubins résonna dans ma tête comme une douce homélie.

 Puis il regarda une dernière fois les cieux, tout en se disant : Dieu tu es si grand, si tout ton amour pouvait tenir en nous, nous pourrions remplir l'univers de bonheur. Il entonna un champ religieux…

 Une raie de lumière fusa des cieux, elle vint à nouveau se poser sa tête. Puis ce doux sourire angélique, celui de la simplicité, et de l'amour resta gravé sur sa face, lorsque sa tête vint tomber à terre.

 Chaque minute qui passe, c'est un peu de vous qui s'efface à ma mémoire...

 Je te fais part de ce sentiment qui me fait tant souffrir, car je m’étais imaginé être à la place de ce pauvre homme, injustement condamné à cause de la folie des hommes. Son seul crime fut d’avoir assisté et caché des gens d’origine juive dans son sous-sol.

 Lorsque tu liras ces lignes, j’espère que d’ici il me restera  la force de surmonter tout cela. Il me tarde d’être libéré de cette folie. Ta missive me fait grand bien, je la relis et a force je connais chaque mot par cœur.

 Notre fils Giuseppe s’occupe bien de la ferme et il veille sur vous, mes trésors.

 Je vous embrasse de toutes mes forces, en espérant vous revoir le plus rapidement possible.

 Les semaines passent et je n’ai de cesse de penser à vous tous.

 Je t’aime très fort. Je t’aime très fort….

 Amatissima moglie

  Lapis ex coellis….»

 Michel.

 Cette lettre était datée d’une dizaine de jour. Elle était parvenue par le biais d’un gardien ‘’ami’ qui n’aimait pas les chemises noires."

extrait tiré de "Vento d'Agosto''

 

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