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De l'ombre à la Lumière - Histoires de textes et Légendes
De l'ombre à la Lumière - Histoires de textes et Légendes
26 mai 2011

Il n'y a qu'une seule fois.

 

S’il y a des souvenirs qui reviennent à moi, du plus profond de mon enfance, alors je me rappellerai des ces couloirs peints, et ces petits carrelages rougis et blanchis par les semelles de nos chaussures.

Il y avait cette douce odeur des soirs d’avant noël, de celle qui marque nos esprits de petits enfants des cités. Ces corridors étaient nos royaumes et les portes d’immeubles étaient des passages vers de nouveaux mondes. On se prenait pour des conquérants, innocents, et l'âme si pure. Puis il nous arrivait de poser nos cœurs sur le rebord de la fenêtre, le soir au crépuscule lunaire.

Là, simplement, on écoutait chanter nos mères la berceuse nocturne enchantée à nos petits frères et sœurs. Elles passaient délicatement les mains sur la petite tête, pour remonter la mèche ou l’épi qui couvrait leurs yeux.

Puis la lune, baignée dans une mer noire, semblait flotter, danser, et nous sourire. On pouvait tout lui dire, tout lui conter, même nos craintes, elle ne se moquait jamais de nous. Quelques étoiles venaient danser tout autour de cette scène féerique, puis d’un salto avant, disparaissait sous une toile lactée et blanchâtre. C’est le voile de la mariée qui frôle l’horizon lointain, et passe par-dessus les toits endormis.

Je regarde les cieux, je repense à ce temps si lointain mais si proche à ma mémoire, on se remémore aussi le bien que le pis, l’innocence nous quitte vite, et la sincérité s’estompe avec les ans.

Nos pères qui sortent le soir, prendre leur bus, pour rejoindre ce gouffre sombre. Toute leur peur est dissimulée sous un épais manteau de courage et de fierté. Ce sont ces hommes qui ont forgés nos esprits et nos caractères. Ils avaient la simplicité et la bonté d’âme, et cela les rendait encore plus purs et parfaits. C’était nos modèles, nos héros, ces êtres si généreux et fort à la fois.

Puis il y avait cette amitié si forte et si prenante qu’elle nous unissait tel ces fratries imparfaites et si différentes. Et pourtant l’harmonie régnait dans toute sa splendeur, et nous n’avions aucune prétention si ce n’était que de rester ami à tout jamais.

Les portes de nos appartements se ferment à nos rires et les larmes sont cachées derrière de lourdes paupières fatiguées.

Mère, il y a  un murmure qui résonne encore dans mon cœur, et ta voix si douce se pose encore sur mes souvenirs, pour t’entendre chanter encore une dernière fois cette si délicate chanson qui a tant bercé ma jeunesse.

C’est le dernier port vers lequel je vais accoster, poser mes valises et me reposer. Les années ont laminées mes ultimes espoirs d’enfant perdu, et briser ces rêves tant chéris. J'ai quitté celle que j'ai tant aimé, qu'au désir ne suffit pas pour combler.

Alors je te revois, douce et belle, ta peau sent le jasmin, tes cheveux sont des épis de blés dorés, j’ai le goût de tes lèvres et l’odeur de ton parfum encore en moi. Fabuleux trésor égoïste, j’ai emprisonné cette photo au plus profond de moi, pour le garder si secret qu’il m’a rendu prisonnier de mon amour.

Tu n’as jamais su combien je t’aimais, combien de nuit j’ai espéré te revoir, pour te chérir contre moi et ne jamais plus te laisser.

Mais la chaloupe pris le large, emportant avec elle mes derniers espoirs, ceux d’un homme perdu, abandonné par ses rêves et trahi par la vie.

Rien n’est parfait, ce n’est qu’une vision tronquée d’une existence que l’on s’imagine parfaite, et que le temps vengeur vient semer.

© Michel COSENTINO Mai 2011 Tous droits réservés.

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