Lettre à Savanah
Très chère amie, je t’écris cette petite lettre
Pour te mander quelques nouvelles,
Si ta maison est faîte, et si tu te sens prête
A affronter cette nouvelle vie, tu es si belle
Dans mes souvenirs que les lointains murmures
Ne sont que de longs souvenirs, des blessures
Oubliées sous la stèle que nous avions gravée
Ensemble un soir de décembre, à l’abri d’une lumière tamisée
Dédale de souvenirs se confondent sur la plage des mépris,
La surprise est de venir sans avenir, et de devenir le songe espéré.
Le remord d’un silence, l’innocence qu’on oublie
Des larmes qui s’estompent dans la nuit
Sans une lune pour nous porter.
Très amie si chère, j'étale ces lignes pour poser
A l’éternité l’instant d’un mépris, d’une lueur écrasée
D’un revers de silence, sans une plume ni encrier,
Aucune feuille sur la table, ni de note sur la porte d’entrée.
Rien qu’un vase vide, quelques fleurs fanées,
Deux roses enlacées que le temps à figées.
Alors, les verbes n’ont plus de sens au vide qui l’entoure,
Ils ne servent plus à rien de les prononcer, qu’au détour
D’un chemin, on croise une image jaunie,
Relents d’une essence qui ternie
Au gré d’une non parole, d’un non-dit.
Chère amie, je t’écris ces lignes,
Ce sont les paroles dérobées à Chronos, pour te rappeler
Que la vie est une partie de nous qui s’évade,
Et que souvent la raison retient, ce sont ces signes
Que l’on nous oppose à toutes parties de notre esprit.
Je retourne nos lances vers nos verbes imparfaits,
Je retourne ces phrases vidées de leurs sens, petite balade
Entre porte et passion, je laisse ses lignes
Témoins d’un passé venu d’un néant composé.
Ces lignes noires sur fond blanc sont l’essor de sentiments
Perdus d’un matin brumeux, au pied d’une tour,
Usé, corps raboté par ses élans d’amour.
Chère amie, sous le regard des badauds amassés
En tas de curieux, scrutent au loin le buché des vanités
Dans lequel nous sommes plongés.
Dis-toi qu’un matin, par la brume épaisse, je reviendrai
Sur les pas que la mer s’est entêtée d'effacer,
Alors, tu seras là posée sur le sable, dorée
A m’attendre, je te prendrais, et t’emmènerais
Loin du gris de cette sombre cité.
Le cœur a les raisons que l’amour ne composera jamais
Il reste le sens à ces sentiments qui donnent un sens à nos vies.
© Michel COSENTINO Tous droits réservés 2014
L’excuse n’est pas de penser, mais l’erreur serait de ne pas l’accepter….