A tuer ce Temps
A tuer le temps j'ai perdu la raison
Pour avoir semé les minutes sur le sablier
Qu’une seconde a fait basculer dans le néant,
J’ai vu le temps courber les chaines qui liaient
Mes jambes à ton corps, et par amour je me suis perdu.
Te voilà maintenant fraîche et radieuse,
Et moi qui tombe sous les coups d’assommoir.
Que d’aubes tièdes et humides j’ai vécu
Plongé dans la torpeur et l’espoir,
Celui d’un monde que l’on croit meilleur.
A trop vouloir on finit par y croire,
Que ce temps que l’on a plus d’ailleurs,
Celui qu’on aimerait retrouver,
Celui qu’on espère ne jamais cesser,
Celui qui coupe nos vies entre deux guillemets,
Et celui que tu détiens dans ton cœur.
J’ai posé sur mes larmes un socle de bois
Celui de la belle qui sommeille en moi
Celle qui a bercé ces nuits de lune
Où douceur s’élevait dans le brune
Encore tiède de notre lit.
Je me sentais le roi du monde,
Vile idée qui n’a pas d’existence
Que la pâleur de ces vies ternes.
On vit sur les toits endormis,
Une âme à l’encre noircie,
Une anicroche perdue qui s’éteint dans la nuit,
Sans bruit ni lueur, juste la blancheur de cette pureté
D’un instant perdu au fond d’un jardin interdit.
© Michel COSENTINO XII