Gardiens et sentinelles
Gardiens et sentinelles se promènent
Dans les corridors blanchis par la lune,
Ils portent sur leurs épaules
Les fonds de poches des condamnés.
Perpétuels innocents incompris,
Ils ne sont que de simples galènes
Qui brillent dans ces dortoirs noircis
Par de longues errances nuisibles
A des esprits torturés par des semaines
Passés dans l’ombre et la nuit.
On les appelle les enfants du silence,
Ceux du quartier nord
D’où, lorsque le sommeil plombe
Les tortures et remords
De leurs âmes achalandées
Sur le présentoir des bannis.
On martèle à leur silence, le mépris
D’une requête inavouée,
C’est une parcelle de quiétude
Que l’on assassine en toute impunité,
Qu’un regard fugace efface à notre esprit,
Toutes ces souffrances de l’humanité.
On les voit quelques fois tard
Le soir errer dans les dortoirs
Avec comme seul assommoir
A leur insomnies, démunis et blafards
Des mains trouées par l’acide des temps,
Ils tiennent difficilement ces vieilles icônes
De vieux souverains déchus sans trône,
Ils hantent nos souvenirs d’enfants perdus,
Toi qui me regarde, toi qui me lit,
Ne sens tu pas le souffle tiède
De ces courants d’airs parcourant
La cime de ton cou.