Le vieux Marin

S'il me reste du temps à vivre
Je vais le partager, pour te suivre
Vers cette route, car tout m'est permis,
Je suis cette ombre solitaire, qu'un matin gris
Se dessine au lointain d'un nouvel horizon.
Qui es-tu lui demande t'elle, sous ton épais blouson
De cuir, que caches tu? pourquoi ce regard perdu,
Tes yeux sont si limpides illuminés de ces éclairs marron.
Je ne suis qu'un marin solitaire, chaque port se souvient
De mon histoire, de cette page jaunie que le temps retient
De mes paroles perdues, jetées aux portes des 4 vents,
J'ai gravé sur chaque porte, le secret de ton prénom.
Regard azur, tu souriais à la vie, douce et belle Manon
Tu ne tenais qu'une étoffe, morceau fragile de notre histoire.
J'ai des centaines d'images, elles bousculent ma mémoire,
Fragile et imparfaite, tu prolongeais ce bail à la vie,
Tout ce qu'un Homme peut espérer, une douceur à l'envie
De caresser ton corps, sur ce grand lit,
J'ai fait vibrer toute la symphonie de ton être fragile,
De mes baisers sur ta peau, j'ai levé les barrières, l'argile
Retient notre flot de sentiments,car ils n'existent qu'ici,
Tu as tatoué mon âme, de tes caresses aveugles
Sur ma peau trouée, j'ai vu ton corps ce cabrer.
Ivre de ces nuits indomptables, je te faisais vibrer,
Tu dansais comme une libellule pour te poser sur ce roseau
Créateur de tout délice, abandonnée à ton être
Je plongeais dans cette création divine, dessinant
Chaque rondeur de ton corps, étoile d'un firmament
Je ne dispose plus de mon sextant, solitaire et errant
De mers en océans, je perdis le cap, pour me perdre
A tout jamais sur ces eaux, fracassé par les lames
De fonds qui traversèrent ma vie, cet infâme
Et cruel destin nous a séparé, ce matin de janvier.
La terre se refroidie sous mes pas, la neige témoin
De mon passage, est une amorce à un lointain
Passé venu me hanter, me poursuivre, pour m'achever.
J'appris plus tard qu'elle avait refait sa vie,
Qu'un enfant nous liait, qu'il me ressemblait tant.
C'est de cet espoir que je fonde mes lendemains,
Pour ouvrir une nouvelle ère à ce destin.
Je ne dispose plus de temps pour revenir l'amant
Fougueux de ces nuits torrides, de mon lit
J'ai fait un carré parfait, pour me laisser porter
Loin de toute cette histoire, de ce cap, car la Lune
Reprend le sens de mon histoire, pour le porter aux saisons.
(c) Michel Cosentino
Histoires de textes et de légendes.