Chants de brumes

Il y a des aubes, prises sous la magie d’un regard,

Qu’on observe un temps, un espace, une durée,

Au matin qui se lève, sur le quai de cette gare,

Je me promène sur les quais,

Le temps m’obsède comme une dame que l’on attend,

Une torture pour l’esprit et ses entrailles, longtemps

Je fus orphelin de ses caresses, de ses désirs inavoués,

Je susurre aux 4 vents l’envie qui grandissait,

De ces longs silences desquels je me plongeais.

A ces moments de délices, je te les dédie comme un hymne à la vie,

De l’enfance des cités, de ces murs gris, des fumées au-dessus de mon lit

Se posent en ordre sur mes draps, chassant les rêves d’un enfant perdu.

Princesse des îles sous le vent, la damnation n’est en rien à ton absence,

Que de ces années écoulées en silence, je n’ai jamais pris l’oubli,

De mes paroles, de ces lignes, témoin d’un présent inachevé comme seul ami,

Me voici sur ce quai à t’attendre, attendre ce train qui ne viendra jamais.

Je sens encore le parfum tatoué sur ma peau, c’est l’instant fragile

D’un regard épris, d’une minute étouffée seul dans mon lit,

J’ai si mal qu’à respirer ne me suffit.

Dans ce vieux coffret, j’ai enfermé l’ensemble de ma vie, stérile

Moment de vérité qui est une fuite en avant, une rencontre et le destin qui n’est plus.

Comment oublier cet espace, ce temps, ces moments, différés dans l’instant

Je me suis perdu à t’attendre, veilleur de mes nuits sans lune, ces refus

Sont autant de lames acérées qui me taillent l’âme, ce terrible volcan

Qui s’allume, attise mes peines, autant de mots qui m’enchaînent,

Pour qu’un jour je franchisse ce Rubicon, libérer de ces chaînes.

N’oublie pas qui je suis, lui dit-il, car ce temps m’est compté,

Et cela ton cœur le sait à tout jamais ...

© Michel Cosentino