Séréna, princesse de l'oubli

Elle scrute les horizons, il se fait tard

La nuit tombe sur les derniers badauds attardés

Aux vitrines, une lueur orangée éclaire les trottoirs,

Accoudée à sa fenêtre elle attend, désabusée

Brisée par une longue attente, elle mire impatiente

Une forme connue, dans ce dédale des rues embrumées

Où tant d’êtres se sont parqués par cette nuit d’été.

Attentive à chaque bruissement qui lui semble familier,

Mais comment vivre au cœur d’une seule tourmente,

Héritière de haut rang, te voici à questionner

Ton destin, celui qui a entre ses mains ta route.

Voici l’aube qui arrive, elle tire son cortège

D’âmes égarées, tant d’espoir en déroute,

A bords de cette calèche bordée de florilèges

D’espérances et d’envies arrosées par une petite pluie

Qui déverse sur l’attelage quelques gouttes de mépris.

Le temps lui semble long, se dit-elle,

Comment une femme si tout, si belle

Soit mise à l’attente au pied de ces carreaux embués,

D’un geste lent, dessine un cœur que le souffle perfide

A si tôt fait d’effacer, comme cette romance insipide

Il n’y a plus qu’un chant angevin pour saluer

Ces ultimes instants qu’elle espère encore temporiser,

Mais comme elle vécue, son histoire se terminait

Sans une boucle, ni un sentier qui la conduirait

Aux portes d’un amour, rien qu’une minute pour l’aimer.  

Pour tout ce qu’elle porta comme mépris,

Le Silence lui répondit avec dédain à l’envie.

© COSENTINO Michel Tous droits réservés.

Un silence est comme l'expression d'un mépris, l'écrit est une face visible et sincère.