La gueuze du Nord

Lorsqu’elle soulevait ses bras, la pauvre gueuze n’avait qu’une odeur rance à renvoyer. De grosses touffes de tumulus poilus, tapissaient ses aisselles embrumées de sueur.

De lourdes gouttes salées perlaient le long de son front plat. Elle revenait des champs de patates, après une âpre journée de labeur.

Ah douleurs rénales secouant son antre en feu, laissant échapper une odeur pubienne nauséabonde. Alors, secouant sa robe pour faire fuir l’assemblée de diptères fanatiques, elle pose son séant sur une vieille souche qui lui servait d’assise.

Quelques petits vents vinrent soulever sa cape jaunie de résidus d’épurations des déchets organiques incontrôlés. Lorsque elle ouvrit sa bouche, une longue râle  s'échappa des reflux gastriques, éructant ses derniers morceaux d’un dîner indigeste. Un plat est un plat, se dit elle. Tout aussi indigeste qu’insipide, tout aussi infecte qu’acide.
Mais il existe certains mets venus d’autres contrés. Exotique, mystérieux et corsé, on les savoure que très rarement. Nos palets indélicats n’y sont pas habitués. Trop difficile à analyser, toute la puissance de cette magie culinaire.

Hélas certains organes visuels et olfactifs n’ont pas de sensibilité. Cela pourrait provenir d’un terrain génétique ? Peut-être, mais cela n’explique pas tout. On peu se surpasser quelques fois, même dans la douleur et le mépris.

Mais alors, pourquoi ? Là est toute la question : L’Aréopage.

Alors, cette petite paysanne aux senteurs exotiques, s’en retourne dans sa ferme, rejoindre sa place entre les poules et les cochons. A tâter du gras, et se rouer dans la boue. Elle cherchera en vain une étincelle de vie qui la guiderait dans l’obscurité de son ignorance, puis elle salivera devant un bon repas qu’elle ne pourra jamais préparer.

© Michel Cosentino.

A lire au second degré.....